Q&A avec Jonathan Pelletier
Q. Quand avez-vous su que vous vouliez devenir architecte ?
JP « Câest une bien longue histoire! » commence Jonathan Pelletier en riant.
« Enfant, jâĂ©tais un grand fan de blocs Lego, je pouvais y passer des heures sans que ma mĂšre entende parler de moi. Jâavais donc dĂ©jĂ un intĂ©rĂȘt marquĂ© pour la spatialitĂ©, la construction et la crĂ©ation. En y repensant aujourdâhui, je suis convaincu que lâenvie dâĂȘtre architecte commençait dĂ©jĂ Ă germer Ă cette Ă©poque. Plus concrĂštement, dĂšs le secondaire, câĂ©tait clair que je voulais exercer ce mĂ©tier puisque jâavais orientĂ© mon parcours de la fin du secondaire et du CĂ©gep dans lâobjectif dâaccĂ©der au baccalaurĂ©at en architecture. Cependant, il y a cinq ou six ans, jâai retrouvĂ© mon vieux bottin de finissants du primaire dans lequel jâavais indiquĂ© que je voulais devenir architecteâŠje ne me souvenais pas que câĂ©tait si clair Ă un si jeune Ăąge. On peut donc dire que jâai rĂ©alisĂ© un rĂȘve dâenfance! »
Q. Vous avez Ă©tĂ© nommĂ© associĂ© en 2020, lâenfant que vous Ă©tiez doit ĂȘtre heureux! Quâest-ce que cela reprĂ©sente pour vous de faire partie de la relĂšve ?
JP « Quand jâai commencĂ© Ă travailler en architecture, mon objectif Ă©tait de devenir associĂ© ou dâouvrir mon propre bureau. Je suis du type Ă vouloir amener les idĂ©es et faire Ă©voluer lâentreprise pour laquelle je travaille. Le fait dâĂȘtre aujourdâhui associĂ© me permet de mâimpliquer davantage et de contribuer Ă crĂ©er un milieu de travail enrichissant et stimulant.
Au-delĂ de cela, je souhaite dans le futur continuer de mâinvestir dans la croissance de LemayMichaud, dâaider lâentreprise Ă Ă©tirer ses tentacules ailleurs au Canada, au QuĂ©bec et pourquoi pas Ă lâinternational et de rĂ©aliser des projets stimulants. »
Q. Si vous aviez un conseil Ă donner Ă une personne qui rĂȘve de devenir architecte?
JP « Ătre architecte demande beaucoup dâefforts et de persĂ©vĂ©rance. Ă lâuniversitĂ©, la charge de travail est considĂ©rable. Cela dit, lâarchitecture Ă©tant une discipline tellement vaste, une fois sur le marchĂ© du travail, on rĂ©alise quâil y a encore beaucoup de choses Ă apprendre. Câest un mĂ©tier « tentaculaire » du fait quâil touche Ă une grande variĂ©tĂ© de disciplines. Il faut toucher Ă tout et ĂȘtre crĂ©atif dans les solutions conceptuelles comme constructives.
Ainsi, il faut faire preuve dâouverture, de curiositĂ© et ne pas hĂ©siter Ă aller chercher de lâinformation auprĂšs de collĂšgues qui ont davantage dâexpĂ©rience. Les entrepreneurs et manufacturiers sont Ă©galement des sources importantes dâinformation pour parfaire nos connaissances. Cela fait dĂ©jĂ 10 ans que jâexerce ce mĂ©tier, et jâapprends encore quotidiennement. Jâimagine que ce sera comme cela jusquâĂ ma retraite! »
Q. Vous faites aujourdâhui davantage de la charge de projet, pouvez-vous nous expliquer ce choix?
JP «En dĂ©but de carriĂšre, jâai touchĂ© un peu Ă tout, mais jâai vite rĂ©alisĂ© que mes forces Ă©taient plus utiles au rĂŽle de chargĂ© de projet ! Ătant plus technique et rationnel, je me suis donc naturellement tournĂ© vers ce rĂŽle. En tant que chargĂ©s de projet, nous devenons en quelque sorte des gestionnaires avec le souci de la qualitĂ© et de lâesthĂ©tique. Ma rigueur et ma polyvalence me sont vraisemblablement trĂšs utiles pour exercer ce rĂŽle. Aujourdâhui, jâaime toujours participer Ă la conception, mais en partageant des idĂ©es ou en participant Ă des rĂ©flexions de groupe.
La charge de projet demande Ă©galement une certaine crĂ©ativitĂ© surtout dans la recherche de solutions innovantes pendant tout le processus. Ces solutions doivent affecter le moins possible le concept et dans le meilleur des cas, elles peuvent mĂȘme les bonifier parfois! Notre rĂŽle est donc de rendre le concept le plus fidĂšle possible aux intentions du concepteur tout en considĂ©rant les contraintes techniques. Plus la fin dâun projet arrive, plus les solutions doivent ĂȘtre crĂ©atives, car les options deviennent souvent plus limitĂ©es. »
Q. Quâest-ce que la pandĂ©mie a changĂ© dans lâindustrie selon vous?
JP « Avec la pandĂ©mie, lâimportance de consommer localement a pris tout son sens, et on a vu une croissance dâutilisation de matĂ©riaux locaux, des mĂ©thodes de construction dâici. Je trouve que cela a un aspect rassembleur de dire quâon intĂšgre lâexpertise de nos concitoyens. Au QuĂ©bec, nous avons la chance dâavoir une trĂšs bonne expertise dans plusieurs domaines, entre autres, au niveau du bois. Je crois que nous avons tous Ă©tĂ© sensibilisĂ©s Ă lâimportance dâencourager les entreprises et artisans locaux et ainsi de faire preuve de solidaritĂ© dans des moments plus difficiles.
Et Ă©videmment, le tĂ©lĂ©travail qui fera maintenant partie des nouvelles habitudes de travail. Ceci dit, je crois fortement aux bienfaits de la prĂ©sence physique sur les lieux de travail, car cela favorise les contacts humains et lâeffet de synergie entre collĂšgues. Beaucoup de bureaux risquent dâadopter un mode de travail hybride qui permettront plus de flexibilitĂ© aux employĂ©s. »
Q. Vous vous impliquez notamment dans le comitĂ© social de lâentreprise, quelle est pour vous lâimportance du relationnel avec les Ă©quipes ?
JP « Je mâimplique depuis un certain moment dans le comitĂ© social, car jâai Ă cĆur de pĂ©renniser lâhumanisme de LemayMichaud. Lâhumain est notre ressource premiĂšre, alors il important que chacun soit heureux au travail et que tous aient un sentiment dâappartenance Ă lâentreprise. Je trouve cela primordial que le lieu de travail soit un endroit agrĂ©able, oĂč les collĂšgues aiment venir, oĂč les relations et lâesprit dâĂ©quipe sont motivants. Je suis aussi quelquâun qui aime le contact humain, qui aime socialiser, donc mâimpliquer dans le comitĂ© est tout naturel pour moi. La bienveillance fait partie de mes valeurs, je me rends compte que câest de plus en plus important de se concentrer sur le positif, de donner lâoccasion Ă tous de sâexprimer et surtout de sâassurer que tout le monde est heureux. »
Q. Vous avez travaillé sur plusieurs projets de La Maison Simons, considérez-vous que la relation de confiance avec le client suite à plusieurs projets change le rythme / la nature du travail?
JP « Jâai eu lâopportunitĂ© de travailler sur les magasins Simons de Gatineau, dâEdmonton, et du Vieux-QuĂ©becâŠet il est vrai que lâon sâimprĂšgne davantage de la culture dâentreprise du client lorsquâon travaille sur plusieurs projets pour le mĂȘme client. Lorsque nous comprenons toutes les valeurs du client, nous sommes capables de rĂ©pondre Ă leurs demandes et Ă leurs attentes. La Maison Simons est une entreprise locale, fidĂšle avec les partenaires, et cela procure un cadre de travail trĂšs agrĂ©able. Câest une belle fiertĂ©! Câest surtout rare dans le commerce de dĂ©tail que les entreprises investissent dans le design, lâarchitecture et le dĂ©veloppement durable. Simons comprend lâintĂ©rĂȘt et lâimportance de faire des projets de qualitĂ©. Leur ouverture aux nouvelles idĂ©es est incroyable! »
Q. En parlant de projets, quel est le plus marquant que vous ayez réalisé chez LemayMichaud ?
JP « Comme je le disais plus haut, les projets Simons sont pour moi trĂšs marquants dans ma carriĂšre par la qualitĂ©, le soin du dĂ©tail, le design architectural. Ces mandats se sont toujours dĂ©roulĂ©s dans le plus grand respect des professionnels et des idĂ©es. La crĂ©ativitĂ© occupe une place prĂ©dominante dans ces projets mĂȘme avec toutes les contraintes quâil peut y avoir. La relation de confiance qui existe avec Simons procure une belle ouverture aux idĂ©es, ce qui nous a amenĂ©s parfois Ă des idĂ©es complĂštement originales, mais qui font toute la diffĂ©rence Ă la fin.
Outre les magasins Simons, le Strom Spa Nordique du Vieux-Québec a été trÚs marquant!
Ăvidemment, ce projet a rĂ©coltĂ© beaucoup de reconnaissances dans le domaine de lâarchitecture et du design dâintĂ©rieur, et cela continue mĂȘme plus de deux ans aprĂšs la fin de la construction. Câest un client qui nous a permis de faire un projet exceptionnel sur un site qui lâĂ©tait tout autant, donc nous sommes trĂšs heureux du rĂ©sultat final et dâavoir eu cette opportunitĂ©! »
Q. Ă propos du Strom Spa du Vieux-QuĂ©bec, pouvez-vous nous en dire plus sur les dĂ©fis dâune telle construction?
JP « Avant le mandat du Strom Spa du Vieux-QuĂ©bec, jâavais eu lâoccasion de travailler sur le spa de lâHĂŽtel Le Germain Charlevoix donc je connaissais les principes de base. Pour le Strom Spa, il y a eu beaucoup dâĂ©change dâidĂ©es avec le client afin de mettre en forme le projet. Au fur et Ă mesure que le projet progressait, de nouvelles idĂ©es sâajoutaient pour le rendre encore plus intĂ©ressant. Cela a nĂ©cessitĂ© une coordination trĂšs serrĂ©e avec les diffĂ©rents intervenants afin de faire les ajustements en cours de route. MĂȘme si projet nâĂ©tait pas si « grand » en superficie, il a nĂ©cessitĂ© lâintervention de multiples professionnels spĂ©cialisĂ©s.
Organiser toute la mĂ©canique nĂ©cessaire au fonctionnement dâun spa Ă©tait un enjeu de taille. Tout devait demeurer fonctionnel en matiĂšre dâopĂ©rations, sans que cela nâaltĂšre lâexpĂ©rience client ou lâesthĂ©tisme du projet.
Par ailleurs, un autre dĂ©fi important du projet reposait sur la mise en place dâun bassin flottant, une expĂ©rience qui sâapparente Ă une baignade dans la mer Morte. Ce bassin avec une salinitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e pour permettre la flottaison a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans trĂšs peu de projets. Ainsi, lâexpertise disponible pour ce genre dâinstallation Ă©tait limitĂ©e. Nous avons dĂ» nous informer, poser beaucoup (Ă©normĂ©ment!) de questions pour trouver les rĂ©ponses et obtenir le rĂ©sultat final. »
_________________
Le Q&A Ă©clair
Développer ou créer ? Créer
RĂȘveur ou rĂ©aliste ? RĂȘveur
La partie préférée de votre travail? Les échanges humains
La rĂ©alisation dont vous ĂȘtes le plus fier? Ma famille
Avez-vous une philosophie qui vous guide aujourdâhui? La simplicitĂ©. Less is more.
Noir et blanc ou couleurs? Noir et blanc!
Mies van der Rohe ou Frank Gehrry ? Mies van der Rohe, all the way!
De quelle Ćuvre architecturale auriez-vous souhaitĂ© ĂȘtre lâauteur? Plusieurs projets de Mies Van der Rohe, dont le Seagran building Ă New York qui semble encore aujourdâhui intemporel.