Rencontrez Jonathan Pelletier

27.05.2021

Q&A avec Jonathan Pelletier

Q. Quand avez-vous su que vous vouliez devenir architecte ?

JP « C’est une bien longue histoire! » commence Jonathan Pelletier en riant.

« Enfant, j’étais un grand fan de blocs Lego, je pouvais y passer des heures sans que ma mĂšre entende parler de moi. J’avais donc dĂ©jĂ  un intĂ©rĂȘt marquĂ© pour la spatialitĂ©, la construction et la crĂ©ation. En y repensant aujourd’hui, je suis convaincu que l’envie d’ĂȘtre architecte commençait dĂ©jĂ  Ă  germer Ă  cette Ă©poque. Plus concrĂštement, dĂšs le secondaire, c’était clair que je voulais exercer ce mĂ©tier puisque j’avais orientĂ© mon parcours de la fin du secondaire et du CĂ©gep dans l’objectif d’accĂ©der au baccalaurĂ©at en architecture. Cependant, il y a cinq ou six ans, j’ai retrouvĂ© mon vieux bottin de finissants du primaire dans lequel j’avais indiquĂ© que je voulais devenir architecte
je ne me souvenais pas que c’était si clair Ă  un si jeune Ăąge. On peut donc dire que j’ai rĂ©alisĂ© un rĂȘve d’enfance! »

Q. Vous avez Ă©tĂ© nommĂ© associĂ© en 2020, l’enfant que vous Ă©tiez doit ĂȘtre heureux! Qu’est-ce que cela reprĂ©sente pour vous de faire partie de la relĂšve ?

JP « Quand j’ai commencĂ© Ă  travailler en architecture, mon objectif Ă©tait de devenir associĂ© ou d’ouvrir mon propre bureau. Je suis du type Ă  vouloir amener les idĂ©es et faire Ă©voluer l’entreprise pour laquelle je travaille. Le fait d’ĂȘtre aujourd’hui associĂ© me permet de m’impliquer davantage et de contribuer Ă  crĂ©er un milieu de travail enrichissant et stimulant.

Au-delĂ  de cela, je souhaite dans le futur continuer de m’investir dans la croissance de LemayMichaud, d’aider l’entreprise Ă  Ă©tirer ses tentacules ailleurs au Canada, au QuĂ©bec et pourquoi pas Ă  l’international et de rĂ©aliser des projets stimulants. »

Q. Si vous aviez un conseil Ă  donner Ă  une personne qui rĂȘve de devenir architecte?

JP « Être architecte demande beaucoup d’efforts et de persĂ©vĂ©rance. À l’universitĂ©, la charge de travail est considĂ©rable. Cela dit, l’architecture Ă©tant une discipline tellement vaste, une fois sur le marchĂ© du travail, on rĂ©alise qu’il y a encore beaucoup de choses Ă  apprendre. C’est un mĂ©tier « tentaculaire » du fait qu’il touche Ă  une grande variĂ©tĂ© de disciplines. Il faut toucher Ă  tout et ĂȘtre crĂ©atif dans les solutions conceptuelles comme constructives.

Ainsi, il faut faire preuve d’ouverture, de curiositĂ© et ne pas hĂ©siter Ă  aller chercher de l’information auprĂšs de collĂšgues qui ont davantage d’expĂ©rience. Les entrepreneurs et manufacturiers sont Ă©galement des sources importantes d’information pour parfaire nos connaissances. Cela fait dĂ©jĂ  10 ans que j’exerce ce mĂ©tier, et j’apprends encore quotidiennement. J’imagine que ce sera comme cela jusqu‘à ma retraite! »

Q. Vous faites aujourd’hui davantage de la charge de projet, pouvez-vous nous expliquer ce choix?

JP «En dĂ©but de carriĂšre, j’ai touchĂ© un peu Ă  tout, mais j’ai vite rĂ©alisĂ© que mes forces Ă©taient plus utiles au rĂŽle de chargĂ© de projet ! Étant plus technique et rationnel, je me suis donc naturellement tournĂ© vers ce rĂŽle. En tant que chargĂ©s de projet, nous devenons en quelque sorte des gestionnaires avec le souci de la qualitĂ© et de l’esthĂ©tique. Ma rigueur et ma polyvalence me sont vraisemblablement trĂšs utiles pour exercer ce rĂŽle. Aujourd’hui, j’aime toujours participer Ă  la conception, mais en partageant des idĂ©es ou en participant Ă  des rĂ©flexions de groupe.

La charge de projet demande Ă©galement une certaine crĂ©ativitĂ© surtout dans la recherche de solutions innovantes pendant tout le processus. Ces solutions doivent affecter le moins possible le concept et dans le meilleur des cas, elles peuvent mĂȘme les bonifier parfois! Notre rĂŽle est donc de rendre le concept le plus fidĂšle possible aux intentions du concepteur tout en considĂ©rant les contraintes techniques. Plus la fin d’un projet arrive, plus les solutions doivent ĂȘtre crĂ©atives, car les options deviennent souvent plus limitĂ©es. »

Q. Qu’est-ce que la pandĂ©mie a changĂ© dans l’industrie selon vous?

JP « Avec la pandĂ©mie, l’importance de consommer localement a pris tout son sens, et on a vu une croissance d’utilisation de matĂ©riaux locaux, des mĂ©thodes de construction d’ici. Je trouve que cela a un aspect rassembleur de dire qu’on intĂšgre l’expertise de nos concitoyens. Au QuĂ©bec, nous avons la chance d’avoir une trĂšs bonne expertise dans plusieurs domaines, entre autres, au niveau du bois. Je crois que nous avons tous Ă©tĂ© sensibilisĂ©s Ă  l’importance d’encourager les entreprises et artisans locaux et ainsi de faire preuve de solidaritĂ© dans des moments plus difficiles.

Et Ă©videmment, le tĂ©lĂ©travail qui fera maintenant partie des nouvelles habitudes de travail. Ceci dit, je crois fortement aux bienfaits de la prĂ©sence physique sur les lieux de travail, car cela favorise les contacts humains et l’effet de synergie entre collĂšgues. Beaucoup de bureaux risquent d’adopter un mode de travail hybride qui permettront plus de flexibilitĂ© aux employĂ©s. »

Q. Vous vous impliquez notamment dans le comitĂ© social de l’entreprise, quelle est pour vous l’importance du relationnel avec les Ă©quipes ?

JP « Je m’implique depuis un certain moment dans le comitĂ© social, car j’ai Ă  cƓur de pĂ©renniser l’humanisme de LemayMichaud. L’humain est notre ressource premiĂšre, alors il important que chacun soit heureux au travail et que tous aient un sentiment d’appartenance Ă  l’entreprise. Je trouve cela primordial que le lieu de travail soit un endroit agrĂ©able, oĂč les collĂšgues aiment venir, oĂč les relations et l’esprit d’équipe sont motivants. Je suis aussi quelqu’un qui aime le contact humain, qui aime socialiser, donc m’impliquer dans le comitĂ© est tout naturel pour moi. La bienveillance fait partie de mes valeurs, je me rends compte que c’est de plus en plus important de se concentrer sur le positif, de donner l’occasion Ă  tous de s’exprimer et surtout de s’assurer que tout le monde est heureux. »

Q. Vous avez travaillé sur plusieurs projets de La Maison Simons, considérez-vous que la relation de confiance avec le client suite à plusieurs projets change le rythme / la nature du travail?

JP « J’ai eu l’opportunitĂ© de travailler sur les magasins Simons de Gatineau, d’Edmonton, et du Vieux-QuĂ©bec
et il est vrai que l’on s’imprĂšgne davantage de la culture d’entreprise du client lorsqu’on travaille sur plusieurs projets pour le mĂȘme client. Lorsque nous comprenons toutes les valeurs du client, nous sommes capables de rĂ©pondre Ă  leurs demandes et Ă  leurs attentes. La Maison Simons est une entreprise locale, fidĂšle avec les partenaires, et cela procure un cadre de travail trĂšs agrĂ©able. C’est une belle fiertĂ©! C’est surtout rare dans le commerce de dĂ©tail que les entreprises investissent dans le design, l’architecture et le dĂ©veloppement durable. Simons comprend l’intĂ©rĂȘt et l’importance de faire des projets de qualitĂ©. Leur ouverture aux nouvelles idĂ©es est incroyable! »

Q. En parlant de projets, quel est le plus marquant que vous ayez réalisé chez LemayMichaud ?

JP « Comme je le disais plus haut, les projets Simons sont pour moi trĂšs marquants dans ma carriĂšre par la qualitĂ©, le soin du dĂ©tail, le design architectural. Ces mandats se sont toujours dĂ©roulĂ©s dans le plus grand respect des professionnels et des idĂ©es. La crĂ©ativitĂ© occupe une place prĂ©dominante dans ces projets mĂȘme avec toutes les contraintes qu’il peut y avoir. La relation de confiance qui existe avec Simons procure une belle ouverture aux idĂ©es, ce qui nous a amenĂ©s parfois Ă  des idĂ©es complĂštement originales, mais qui font toute la diffĂ©rence Ă  la fin.

Outre les magasins Simons, le Strom Spa Nordique du Vieux-Québec a été trÚs marquant!

Évidemment, ce projet a rĂ©coltĂ© beaucoup de reconnaissances dans le domaine de l’architecture et du design d’intĂ©rieur, et cela continue mĂȘme plus de deux ans aprĂšs la fin de la construction. C’est un client qui nous a permis de faire un projet exceptionnel sur un site qui l’était tout autant, donc nous sommes trĂšs heureux du rĂ©sultat final et d’avoir eu cette opportunitĂ©! »

Q. À propos du Strom Spa du Vieux-QuĂ©bec, pouvez-vous nous en dire plus sur les dĂ©fis d’une telle construction?

JP « Avant le mandat du Strom Spa du Vieux-QuĂ©bec, j’avais eu l’occasion de travailler sur le spa de l’HĂŽtel Le Germain Charlevoix donc je connaissais les principes de base. Pour le Strom Spa, il y a eu beaucoup d’échange d’idĂ©es avec le client afin de mettre en forme le projet. Au fur et Ă  mesure que le projet progressait, de nouvelles idĂ©es s’ajoutaient pour le rendre encore plus intĂ©ressant. Cela a nĂ©cessitĂ© une coordination trĂšs serrĂ©e avec les diffĂ©rents intervenants afin de faire les ajustements en cours de route. MĂȘme si projet n’était pas si « grand » en superficie, il a nĂ©cessitĂ© l’intervention de multiples professionnels spĂ©cialisĂ©s.

Organiser toute la mĂ©canique nĂ©cessaire au fonctionnement d’un spa Ă©tait un enjeu de taille. Tout devait demeurer fonctionnel en matiĂšre d’opĂ©rations, sans que cela n’altĂšre l’expĂ©rience client ou l’esthĂ©tisme du projet.

Par ailleurs, un autre dĂ©fi important du projet reposait sur la mise en place d’un bassin flottant, une expĂ©rience qui s’apparente Ă  une baignade dans la mer Morte. Ce bassin avec une salinitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e pour permettre la flottaison a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans trĂšs peu de projets. Ainsi, l’expertise disponible pour ce genre d’installation Ă©tait limitĂ©e. Nous avons dĂ» nous informer, poser beaucoup (Ă©normĂ©ment!) de questions pour trouver les rĂ©ponses et obtenir le rĂ©sultat final. »

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Le Q&A Ă©clair

Développer ou créer ? Créer

RĂȘveur ou rĂ©aliste ? RĂȘveur

La partie préférée de votre travail? Les échanges humains

La rĂ©alisation dont vous ĂȘtes le plus fier? Ma famille

Avez-vous une philosophie qui vous guide aujourd’hui? La simplicitĂ©. Less is more.

Noir et blanc ou couleurs? Noir et blanc!

Mies van der Rohe ou Frank Gehrry ? Mies van der Rohe, all the way!

De quelle Ɠuvre architecturale auriez-vous souhaitĂ© ĂȘtre l’auteur? Plusieurs projets de Mies Van der Rohe, dont le Seagran building Ă  New York qui semble encore aujourd’hui intemporel.



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