Rencontrez Annie-Claude Gilbert

Q. Quand avez-vous su que vous vouliez devenir designer d’intérieur?

ACG « J’ai toujours baigné dans cette atmosphère. Ma mère était cuisiniste, elle dessinait des plans d’armoires pour un ébéniste. Autant dire que j’ai grandi entourée de plans et de dessins. De plus, nous faisions également de la peinture ensemble, on mélangeait des couleurs pour en créer de nouvelles… À y penser aujourd’hui, je pense que mon côté créatif, mon intérêt envers l’exploration des textures et des couleurs vient de là.

Plus tard, lors du choix de carrière au secondaire, mon test de personnalité révélait que j’étais « entrepreneur artistique ». En parcourant la liste de suggestions, je suis tombée sur « designer d’intérieur » et naturellement je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Je n’ai jamais douté par la suite. J’ai toujours eu un fort penchant pour la mode également, cependant ce n’est resté qu’une passion que j’ai la chance de pouvoir exprimer par mon métier créatif. »

Q. Vous vous impliquez dans les communications de la firme. Pourquoi est-ce important pour vous de vous investir dans le rayonnement et la diffusion?

ACG « Je pense que cette réponse se compose de deux facteurs.

Premièrement, mon frère dont je suis très proche, est graphiste. À travers nos discussions ensemble, j’ai développé un réel intérêt en tout ce qui a trait à la marque, au logo, à la projection visuelle en général. Il m’a enseigné beaucoup de choses sur le sujet.

Ensuite, chez LemayMichaud, nous sommes vraiment une belle équipe! Nous sommes chanceux de faire partie d’une famille de professionnels qui a 40 ans d’histoire et qui plus est, d’une histoire inspirante.

Aujourd’hui, nous sommes réputés autant pour des projets extravagants qu’intemporels. C’est pour moi une fierté alors c’est tout naturel de vouloir faire rayonner l’entreprise, les projets et les humains qui sont derrière. »

Q. Est-ce que cette équipe constitue l’une des forces de LemayMichaud selon vous?

ACG « Nous avons la chance d’avoir les trois corps de métier (architecte, designer d’intérieur et technologue) qui cohabitent et collaborent. C’est un grand avantage car tout est intrinsèquement lié. Cela donne plus de latitude pour offrir un produit final cohérent et optimisé.

Nous avons la chance d’être une firme créative, inspirée et audacieuse qui avance main dans la main avec le client. Les forces et les valeurs de LemayMichaud me rejoignent énormément aussi sur le plan individuel. »

Q. À quoi ressemble la journée de travail type d’une designer d’intérieur?

ACG « D’une part, il n’y a pas deux journées qui se ressemblent et c’est d’ailleurs ce que j’apprécie dans ce métier. Chaque mandat étant un prototype, il présente ses propres contraintes, solutions et avenues. Dans ce métier, la routine n’existe pas!

Il y a toujours une partie de mon travail dédiée à la conception. Cela consiste à se mettre en mode création et laisser libre court à son imagination pour travailler l’esthétisme du projet. Souvent, je travaille aussi à préparer des présentations pour le client. En parallèle s’orchestre le développement de toute la matérialité du projet. Finalement, le designer d’intérieur chez LemayMichaud travaille de concert avec nos collègues architectes et techniciens pour le développement des plans jusqu’à la réalisation du projet.

Pendant tout le processus, le volet contact client est primordial et omniprésent. De la prise des besoins, aux suivis d’avancements, en passant par la présentation ou encore la coordination avec les autres intervenants, c’est une grande partie du travail de designer que d’accompagner le client tout au long de la réalisation de son projet.

Q. Vous venez d’énoncer plusieurs tâches d’un designer, quelle phase préfèrez-vous dans un projet?

ACG « La conception! Ce qui me fait vibrer dans ce métier est d’imaginer et de me laisser porter par les espaces. C’est étrange à dire, mais en plus des besoins du client, c’est en explorant l’espace que nous nous rendons compte qu’il dicte l’orientation du design. C’est souvent en jouant des atouts du local que naissent les meilleurs projets à mon sens!

J’aime également l’aboutissement d’un projet, quand le client prend possession de son espace. C’est une chance dans un métier de pouvoir faire évoluer le rêve d’un client jusqu’à la réalité, la réalisation physique de ses intentions. C’est toujours un beau moment. »

Q. Pouvez-vous nous en apprendre un peu plus sur votre approche d’un projet?

ACG « Mon approche d’un projet s’articule sur la ligne directrice du client. Savoir écouter le client et cerner la personnalité de la marque font la force d’un concepteur. Un designer d’intérieur doit savoir faire quelque chose de beau avec toutes les contraintes.

Une fois les besoins saisis, vient la phase d’inspiration et de conception. Je regarde différents projets et je consulte des banques d’inspiration que j’ai montées au fil du temps. Sur mon bureau il y a toujours deux ou trois échantillons* coups de cœur que je garde précieusement et que j’ai hâte de pouvoir intégrer.

Dans la vie, je suis motivée par la curiosité ce qui peut donc me donner une inspiration à partir de n’importe quoi que je croise dans mon quotidien. Il faut garder l’œil ouvert à notre environnement, nous pouvons toujours bonifier un projet ! »

*note de la rédaction – c’est un peu plus que deux ou trois parait-il!

Q. En parlant d’imagination et de conception, où trouvez-vous votre inspiration ?

ACG « Comme je le mentionnais, je laisse les demandes clients axer le projet puis ensuite une visite sur les lieux lorsque possible me guidera dans l’ambiance à donner au lieu.

Certains courants modernes en architecture sont aussi d’inépuisables sources d’inspiration, avec des œuvres intemporelles qui traversent les décennies ; je pense entre autres aux intérieurs de style Bauhaus. Des formes simples avec des items surprenants.

Il y a aussi incontestablement la nature ! Elle nous offre les plus beaux accords de couleurs, les plus belles formes, et les textures les plus surprenantes . Il n’y a rien de plus complémentaire qu’une feuille d’automne jaune sur fond de ciel indigo. »

Q. Avez-vous une décennie favorite en termes de design, de tendances?

ACG « Je suis fortement attirée vers le Minimalisme et l’épuration qu’ont emmené des précurseurs tels que Mies Van Der Rohe et Walter Gropius, mais surtout Le Corbusier dont la période ‘Villas Blanches’ et le mouvement moderne ont façonné mon amour des formes simples et rectilignes.

J’aime le moderne et les matériaux intemporels. Étant donné que nous agissons pour un client, je ne suis pas de tendance en particulier, il faut que le design soit durable et qu’il lui ressemble. Je favorise donc les tons neutres et les matériaux bruts déjà présents dans l’espace.

Je n’ai pas de signature particulière, en revanche, je suis vraiment attirée vers le blanc et noir. Le noir et blanc, c’est l’ombre et la lumière, c’est un contraste qui permet de ressortir les textures. Ce sont les canevas les plus sobres qui permettent de mettre en évidence des environnements plus percutants. Ce que j’aime, c’est l’intégration d’un « punch », un élément qui vient casser le blanc et le noir pour dynamiser le tout, pour surprendre le visiteur. »

Avant d’ajouter en riant — « C’est comme pour mes souliers avec des perroquets roses, je ne peux porter ça que si le reste de la tenue est sobre! C’est pareil pour le design.»

Q. En parlant de projets, quel est le plus marquant que vous ayez réalisé chez LemayMichaud en tant que designer d’intérieur?

ACG « C’est un choix difficile car chaque projet possède son propre charme!

Spontanément, je dirai l’Hôtel La Ferme qui est aujourd’hui Le Germain Charlevoix. C’était très tôt dans ma carrière et j’ai beaucoup appris avec ce dernier. C’était un projet tellement attaché à son lieu, Baie-St-Paul, à ses racines québécoises, que nous avons eu l’opportunité de revisiter toute notre histoire à l’intérieur d’un projet. Nous avons également beaucoup travaillé avec des artisans locaux. Chaque bâtiment mettait de l’avant un concept différent. C’était donc un hôtel qui nécessitait une bonne dose de créativité!

Ensuite, je dirai le Simons Gatineau. Nous avons la chance inouïe d’avoir une belle relation de confiance avec le client et avions pour ce projet vraiment une grande latitude dans les propositions. Chaque magasin Simons est composé de plusieurs sous-départements, et c’est donc une multitude de sous-ambiances à créer pour différentes clientèles, tout en respectant un fil conducteur. C’était un beau défi d’imaginer la séquence de magasinage des visiteurs, et de travailler avec des matériaux innovants et des donner une expérience de magasinage réinventée. »

Q. Pour finir, quelle collègue de travail êtes-vous?

ACG « J’essaie d’être d’un abord facile et accueillante. En riant, l’ambiance se trouve allégée et le travail devient beaucoup plus agréable. Par contre, même si j’aime rire et blaguer, je peux être intransigeante avec les projets et je n’hésite pas à défendre mes idées pleinement pour que le résultat soit à la hauteur des attentes du client.

Comme mes collègues le savent, j’aime ce qui sort de l’ordinaire, que ce soit des objets, des personnalités ou encore des idées. Je dirais que l’anticonformisme me pousse à aller plus loin dans mes réflexions, j’aime aller ailleurs, explorer au-delà de ce qui se fait. Il m’arrive donc d’être surprenante pour mes collègues, tant dans mes propositions design que dans mon look! » – finit-elle en riant.

Le Q&A éclair

Développer ou créer ? Créer

Rêveuse ou réaliste ? Rêveuse

Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? Le café, le chocolat, le soleil, la famille, les amis. Je ne peux pas dire Diego (son perroquet) je ne voudrais pas me faire juger, donc je finirai avec Apprendre, Innover, Partager, Rire.

La partie préférée de votre travail? Le processus créatif

La réalisation dont vous êtes la plus fière? D’avoir de belles relations avec ma famille

Avez-vous une philosophie qui vous guide aujourd’hui? Je crois en l’authenticité et la simplicité. On peut accomplir autant voire davantage en riant.

Noir et blanc ou couleurs? Noir et blanc mais toujours avec un punch!

Mies van der Rohe ou Frank Gehrry ? Définitivement Mies Van der Rohe mais je salue l’audace de Frank Gehrry.

Une œuvre dont vous auriez souhaité être l’auteur? Toutes les œuvres du peintre Pierre Soulages me touchent énormément.