Îlot St Ann
Au cœur du quartier Griffintown à Montréal, la phase V du projet de développement du complexe multirésidentiel d’Îlot St Ann a été confiée à LemayMichaud. La firme avait comme mandat le concept et le développement des blocs 5 et 6, dernière phase du projet et la seule dédiée au marché locatif.
Avec pour objectif d’offrir de nombreuses unités de tailles variées avec la possibilité de les combiner pour en faire des assemblages multigénérationnels, c’est un total de 205 unités de logement conçues et intégrées dans une volumétrie déconstruite composée de trois masses distinctes. La demande du client comprenait également l’aménagement d’espaces communs sur les toits donnant une vue sur le Mont-Royal et sur la ville. Ainsi, l’équipe a travaillé à l’intégration d’un toit vert et d’une terrasse au 10e étage et du Chalet Urbain, espace détente extérieur avec, entre autres, piscine et barbecue au 15e étage. Outre la partie multirésidentielle à bâtir, le mandat comprenait la restauration et la rénovation du bâtiment patrimonial situé en face, soit le bloc 6, afin d’aménager des services additionnels pour les résidents.
Les défis de conception des immeubles locatifs
L’équipe travaillant sur les blocs 5 et 6 devait prendre en compte plusieurs facteurs pour mettre au point le nouveau concept: les superficies précédemment approuvées de l’ensemble résidentiel, les contraintes des autres immeubles déjà construits et la géométrie différente du quartier Griffintown, plus triangulaire.
Autre défi mais non le moindre, il était important de créer un plan d’implantation efficient pour y intégrer de nombreuses unités de tailles variées tout en s’assurant d’optimiser la plomberie par les alignements. Le plan d’implantation devait également être flexible et permettre de combiner ou de séparer les unités selon la demande du marché. Ainsi, l’agencement intérieur a été une étape importante qui a nécessité une planification 3D en couleurs pour établir les liens de communications entre les unités et en démontrer la flexibilité. Autant que possible, un grand logement se trouve adjacent à un plus petit pour permettre un lien entre une famille et un grand-parent, un couple avec un enfant adulte ou même de permettre à quelqu’un d’habiter près d’une ou des personnes ayant besoin d’aide. D’ailleurs, pour répondre à cette demande de flexibilité dans l’aménagement intérieur, deux choix ont été faits : l’intégration de balcons en continu et d’une fenestration abondante.
Respecter l’échelle du piéton
Pour la phase 5 du projet, la partie de taille plus importante dédiée aux unités d’habitation, il était crucial de respecter l’échelle du piéton et l’architecture de la maison patrimoniale qui se trouve en face. De ce fait, le basilaire du nouvel immeuble est fortement inspiré par la matérialité et la taille du petit bâtiment patrimonial de deux étages pour créer un langage de maison de ville au périmètre du basilaire. De plus, le bâtiment a été implanté avec un recul de la ligne de lot afin de créer une plaza entre les deux phases permettant ainsi un meilleur fusionnement à l’activité du quartier. Le résultat est un environnement animé par les entrées, les terrasses et les balcons, harmonisé par la brique chaleureuse si abondante dans ce quartier.
Il était important pour l’équipe de réduire la perception de la masse de l’édifice afin qu’elle soit moins imposante à l’échelle humaine et de bien l’intégrer dans le contexte urbain. Ainsi, le volume en avant-plan jusqu’au 10e étage est recouvert d’un fini métallique peint blanc et de garde-corps en verre sérigraphié blanc, bien intégrés dans la composition. Ce traitement amène un langage horizontal qui répond à l’échelle des autres bâtiments de la rue de la Montagne. Le volume en arrière-plan, plus foncé avec un revêtement en brique gris fusain et également habillé de garde-corps en verre sérigraphié, mais de teinte foncée, répond à l’échelle des bâtiments des autres phases de ce même quadrilatère. Combinée avec le basilaire en brique, la composition s’intègre parfaitement dans son contexte.
Restauration et rénovation du bâtiment patrimonial
Érigé en 1920, l’immeuble était anciennement le siège social de la Oka Sand and Gravel Company, passé que l’équipe souhaitait célébrer et retranscrire.
Le mandat était de restaurer et repenser l’aménagement pour les nouvelles fonctions du lieu, soit l’intégration d’espaces communs dédiés aux résidents pour recevoir ou faire du cotravail à l’étage et l’implantation d’un commerce au rez-de-chaussée. Pour éviter une mise aux normes sismiques, l’équipe a aménagé l’espace en conservant les ouvertures existantes sans en créer de nouvelles, tant à la verticale qu’à l’horizontale, afin de garder le diaphragme intact. Ceci a créé l’occasion d’ajouter une nouvelle issue avec un agrandissement à l’arrière du bâtiment, complètement vitré et composé d’un mur rideau de verre sérigraphié qui reprend l’intersection des trames et qui apparait texturé de gravelle, rendant hommage à l’histoire du lieu.